Frida Kahlo est représentée partout ! Les fleurs arborées dans ses cheveux, son mono-sourcil et ses longues robes cachent une histoire, où l’art, l’amour et la liberté se mêlent à la souffrance. Née au Mexique en 1907, Frida n’est pas qu’une icône ! C’est une femme engagée sur tous les plans qui fera de la peinture un exutoire pour continuer à vivre. Je vous propose un aperçu de la vie de cette femme extraordinaire, mais je vous préviens, elle est assez difficile ! Non, ne vous enfuyez pas tout de suite ! Certes, tout n’est pas très rose dans cette histoire mais Frida est un véritable exemple qui nous montre que la créativité nous aide à surpasser nos difficultés. Vous êtes prêts ? Découvrons qui était vraiment Frida Kahlo.
Le drame qui change le destin de Frida
Madgdalena Frida Carmen Kahlo Calderón naît au Mexique en 1907. Je pense qu’elle a bien fait de raccourcir son nom, vous ne trouvez pas ? Elle est la troisième fille de Guillermo, un photographe et de Mathilde. C’est surtout avec son père qu’elle nouera au fil du temps une relation forte. Ce dernier est photographe et prend souvent sa fille comme modèle. Il est aussi un bon aquarelliste…Hum, c’est un détail intéressant pour la suite….
À 6 ans, la petite fille connaît sa première épreuve. Elle contracte la poliomyélite. Elle en gardera des séquelles : sa jambe s’atrophie et elle souffrira toute sa vie de douleurs chroniques. Mais qu’importe, Frida est brillante ! Même si son père lui transmet une certaine sensibilité artistique, elle souhaite devenir médecin. Il faut dire qu’à 16 ans, elle est admise dans une prestigieuse école préparatoire et son avenir semble souriant. Bravo Frida !
C’est à ses 18 ans que tout bascule. Alors qu’elle prend le bus pour rentrer de l’école, celui-ci percute un tramway. L’engin est vétuste, l’accident est terrible. Plusieurs jeunes sont tués et blessés. Frida gît sur la route, le corps transpercé par une pièce de métal. Oui, je l’avoue, cette vision est terrifiante ! Ses fractures sont innombrables : jambe, bassin, colonne vertébrale, côtes… La jeune femme devra restée longtemps alitée et porter à vie un corset. Elle doit donc dire adieu à sa vocation de médecin et conservera toujours des séquelles. C’est en convalescence que Frida Kahlo découvre la peinture, ce qui scellera son destin d’artiste.
Une jeunesse artistique, passionnée mais éprouvante
Alors que la jeune femme doit rester alitée, dans un corset de plâtre, elle se met à peindre pour s’occuper. Son père lui donne sa propre boîte de couleurs. Sa mère décide alors d’installer un miroir au-dessus de son lit à baldaquin pour qu’elle puisse se prendre comme modèle. C’est ainsi que naissent les premiers auto-portraits de Frida Kahlo. Elle en fera pas moins de 55 sur l’ensemble de ses 135 toiles. Sans doute, est-ce une manière d’assumer son image et ses traumatismes ?
À 21 ans, elle s’engage en politique et adhère au parti communiste. Elle modifie sa date de naissance. Non, pas par coquetterie, voyons ! Simplement pour la faire coïncider avec la révolution mexicaine de 1910. Ce qui l’intéresse c’est de revendiquer la liberté féminine. En effet, le Mexique est un pays extrêmement machiste où les femmes ont du mal à s’émanciper. Dans le même temps, Frida va faire la rencontre déterminante de sa vie.
Diego Riviera est un artiste qui crée des fresques murales. Bien que plus âgé de 21 ans, il la séduit. Ils se marient l’année suivante. Mais si leur relation est passionnée, Diego est volage. Éprise de liberté, Frida aura de son côté de nombreuses liaisons avec des hommes et des femmes. La plus grande épreuve de leur couple est le fait de ne pouvoir avoir d’enfant. L’accident de Frida a endommagé son bassin et l’empêche d’être mère.
Diego et Frida partent alors s’installer à San Francisco car la carrière de Diego l’exige. Frida peint dans leur atelier tout autant des toiles qui évoquent ses souffrances que son dégoût profond des Etats-Unis. Cette même année, elle perd sa mère. Elle finit par obtenir de Diego leur retour au Mexique l’année suivante. Mais en 1935, alors qu’elle découvre la liaison de son époux avec sa jeune sœur Cristina… elle s’enfuit et réside plusieurs mois à New-York avec des amies. Entre nous, Diego, l’a bien cherché !
Frida Kahlo, une femme libre
Bien que blessée par son mari, Frida rentre auprès de lui fin 1935. Toujours engagée politiquement, elle accueille Trotsky et son épouse en exil dans leur maison. C’est ainsi qu’elle entretiendra une brève liaison avec ce dernier. Oui, je sais, ça va plus loin que le simple engagement politique ! D’ailleurs, elle lui offrira même un autoportrait qu’il abandonnera dans sa fuite (je n’ai pas réussi à savoir si c’était volontaire ou pas !).
En 1938, c’est André Breton qui séjourne chez le couple alors qu’il fait une série de conférences au Mexique. Il est sous la charme de Frida, qu’il classe volontiers parmi les surréalistes ce qu’elle défendra farouchement. Elle n’est pas dupe de la volonté de Breton de la récupérer dans son mouvement. Mais il se trompe André ! Les surréalistes explorent les rêves et les fantasmes ; Frida dit : « Je n’ai jamais peint de rêves, j’ai peint ma réalité. » Elle peint sa propre vision de la vie à travers le prisme de ses souffrances et de sa culture.
Après une exposition à succès dans une galerie new-yorkaise, Breton l’invite à exposer à Paris. Il organise une exposition sur le Mexique où elle doit figurer en bonne place. Cependant, c’est une vraie douche froide. Le galeriste n’exposera que peu de toiles et les peintures de Frida se trouveront mélangées à toutes sortes d’objets mexicains de toutes époques confondues. Je crois que j’aurais aussi un peu tiqué…
Elle déteste immédiatement Paris, où elle tombera malade d’une infection intestinale. Elle ne supporte pas André Breton et les autres surréalistes qui sont, selon elle, « des intellectuels pourris » comme elle le confiera à l’un de ses amants de longue date, le photographe Nickolas Muray. Avec son langage aussi fleuri que sa chevelure, elle déclare que Breton est un « fils de pute ».
Malgré tout, ces différentes expositions auront un certain impact sur la reconnaissance artistique de Frida. Cette même année, Frida et Diego divorcent pour se remarier finalement… Ces deux-là, malgré leurs liaisons respectives ne peuvent pas se séparer ! Ah l’amour !
Une reconnaissance artistique nationale
En 1942, le Ministère des Affaires Culturelles du Mexique la choisit comme ambassadrice pour diffuser la culture mexicaine. L’Académie des Beaux-Arts lui confie également des cours de peinture. Cette reconnaissance nationale s’accompagne malheureusement de nouvelles souffrances physiques pour Frida Kahlo. Son dos et sa jambe droite sont sources de douleurs continuelles. Elle n’arrive plus à marcher et donne ses cours d’art à son domicile. Sa colonne vertébrale endommagée est mise à rude épreuve : elle subira 7 opérations sans s’en remettre vraiment. Après 9 mois d’hôpital, on lui interdit de se lever. Frida, qui en a vu d’autres, se remet à peindre, alitée.
Une exposition en son honneur est organisée en 1953 par une amie photographe, Lola Alvarez Bravo. C’est alitée et en ambulance qu’elle se rend sur place dans un lit à baldaquin selon une idée de Diego. Elle parait alors heureuse de retrouver ses proches dans une ambiance à l’apparence festive. En réalité, ces derniers sont inquiets. C’est pour cela que Lola se presse d’organiser ce vernissage…avant qu’il ne soit trop tard pour rendre hommage à son amie.
La jambe droite de Frida est gangrenée et elle doit être amputée, ce qui apaise ses souffrances physiques. Mais pour la première fois, Frida perd sa joie de vivre. Elle a été si forte pendant si longtemps que j’en suis admirative ! C’est à l’aube de son 47 ème anniversaire, le 13 juillet 1954 que Frida Kahlo tire sa révérence, emportée par une pneumonie.
Qui était réellement Frida Kahlo ? Une femme forte, qui a profité des répits de la vie pour s’enivre d’art et d’amour. Une artiste qui a fait de la peinture un acte de résistance pour vivre et s’assumer. Une icône de beauté, une séductrice qui cachait bien des souffrances. Dans un Mexique dominé par les hommes, elle a su montrer qu’une femme peut mener tous ces combats avec courage et élégance.